03/01/2020

« Les calculs sont pas bons Kevin ! »

L’humoriste Inès Reg, dans une vidéo virale publiée sur les réseaux sociaux, avait entamé un monologue désormais célèbre, ponctué des phrases « les calculs sont pas bons Kévin ! » ou encore « c’est quand que tu mets des paillettes dans ma vie Kévin ? ».

Les expressions, reprises sur les réseaux sociaux et dans le privé, n’ont pas tardé à intéresser les marques de grande distribution, qui se sont précipitées sur l’occasion pour lancer de nouvelles collections. L’auteure de ces phrases, Inès Reg, a fait le choix de lutter contre ce merchandising non-autorisé en … déposant l’expression « je veux des paillettes dans ma vie » auprès de l’INPI à titre de marque. Et en effet : « des paillettes dans ma vie » et « c’est quand que tu vas mettre des paillettes dans ma vie Kévin » sont des marques déposées depuis le 26 septembre dernier, et rien qu’en… 36 classes chacune (sur les 45 que compte la Classification de Nice).

Plusieurs sociétés ont été mises en demeure par l’avocat de l’humoriste de ne pas exploiter sans accord la réplique culte. Parmi elles, l’enseigne de vêtements pour jeunes Bizzbee qui avait notamment envoyé à ses clients le SMS : « Tu veux mettre des paillettes dans ta vie ? On t’offre 10 euros dès 30 euros d’achats. ». Ou encore Interflora, McDonald, Leroy Merlin… Cela ne va pas sans rappeler Nabilla, qui en 2013 avait déposé (via son équipe de Production) le fameux « Non mais Allô », ou encore « this sick beat » protégée elle aussi par la chanteuse Taylor Swift via des paroles tirée de sa chanson « Shake It off ». D’autres exemples existent encore : « ça, j’achète ! » de Jean-Marc Généreux, « Magnifaïk ma chérie » de Cristina Còrdula,

Une course à l’inventivité orale qui fait la liaison entre le droit d’auteur et le droit des marques, course à laquelle l’INPI fait parfois un croche-pattes en refusant, pour cause de décéptivité, des expressions qui créeraient un monopole injustifié pour ses auteurs. A la suite des tristes événements ayant touchés Charlie Hebdo, l’INPI avait refusé plus d’une cinquantaine de dépôts de marques « je suis Charlie » ou « Pray for Paris ». Une accaparation marchande à laquelle l’INPI semble encore, en 2019, tenir tête, même si l’on peut nuancer le propos en admettant que l’INPI a pourtant bien accepté la « phobie administrative », de Thomas Thévenoud, à titre de marque française.