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13/01/2025

Les budgets des équipes dans le cyclisme seront-ils bientôt plafonnés ?

L’Union Cycliste Internationale (UCI) a récemment approuvé le principe d’un plafonnement budgétaire pour les équipes WorldTour, visant à préserver l’équité sportive en limitant les disparités financières entre elles.

Cette mesure, distincte d’un simple plafonnement salarial, englobe l’ensemble des dépenses des équipes et pourrait être mise en œuvre dès 2026.[1]

Selon Christian Prudhomme, le patron du Tour de France, « avec les capitaux qui viennent notamment des pays arabes, le match est un peu déséquilibré. »[2]

En effet, certaines formations sont dirigées par des états (UAE Team Emirates, Bahrain-Victorious ou Astana Qazaqstan, par exemple) dont les ressources importantes leur permettent de créer des équipes composées de nombreuses stars de la discipline, annihilant ainsi les équipes concurrentes qui ne peuvent pas se payer autant de favoris.

A titre d’exemple, l’UAE Team Emirates a offert un contrat en or au célèbre coureur slovène, Tadej Pogacar, avec un salaire estimé à 50 millions d’euros étalés sur les six prochaines saisons, hors éventuels bonus. Du jamais vu dans l’histoire du cyclisme.

A titre de comparaison, le salaire moyen d’un coureur graviterait autour de 500 000 euros par an.

Selon La Gazzetta dello Sport, la clause libératoire du contrat de Tadej Pogacar s’élèverait à 200 millions d’euros. Autrement dit, il est très peu probable qu’une autre équipe puisse attirer le Slovène.

Cette concentration de ressources au sein de quelques équipes crée un déséquilibre significatif rendant difficile pour les formations aux budgets plus modestes de rivaliser au plus haut niveau.

Un plafonnement du budget global des équipes permettrait ainsi de promouvoir une plus juste concurrence entre les équipes, à l’image des mécanismes mis en place dans la National Football League (NFL) aux Etats-Unis ou dans le rugby français. Les équipes pourront toujours rémunérer leurs athlètes généreusement, mais à condition d’équilibrer le budget ailleurs, pour ne pas dépasser l’enveloppe totale.

« L’idée est qu’on puisse avoir des bons coureurs dans chacune des équipes. Qu’on n’ait pas une concentration des moyens dans une seule équipe. Et faire en sorte qu’on ait des leaders dans chaque équipe et que la course soit plus intéressante. C’est ça l’objectif. », expliquait David Lappartient en 2018 déjà, président de l’UCI. 

Cependant, le plafonnement budgétaire ne garantit pas d’être la solution miracle pour résoudre les inégalités.

Le cyclisme reposant sur des sponsors, dont la volatilité est bien connue, la question est de savoir si ces mêmes sponsors resteront engagés dans le cas où leur avantage concurrentiel est drastiquement limité.

Les sponsors, attirés par la perspective de victoires et de dominations sur les courses majeures, pourraient ainsi revoir leur engagement si leur capacité à constituer des équipes compétitives venaient à être bridée.

La mise en place effective de ce plafonnement budgétaire reste donc à confirmer, et son adoption pourrait transformer significativement le paysage du cyclisme professionnel dans les années à venir.


[1] L’Equipe, 17 mars 2024

[2] Midi Libre, 17 novembre 2024


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