Alerte sur le racisme dans le sport anglais

La Commission indépendante pour l’équité dans le cricket a publié les conclusions d’une enquête de deux ans sur le cricket anglais. Ces conclusions sont surprenantes, en particulier dans un pays où le Premier ministre est d’origine indienne et qui s’enorgueillit de sa diversité.

La Commission a conclu que le racisme, le sexisme et la discrimination fondée sur la classe sociale sont « enracinés » dans le sport du cricket. 

Le rapport, intitulé « Holding a Mirror Up to Cricket », constate que « des formes profondément enracinées et répandues de racisme structurel et institutionnel, de sexisme et de discrimination fondée sur la classe sociale continuent d’exister dans l’ensemble du jeu« .

Les résultats montrent que la discrimination est répandue et qu’elle n’est souvent pas remise en question, avec une culture qui semble encourager et faciliter les comportements discriminatoires.

Ces comportements incluent « des commentaires et des actions racistes, misogynes, homophobes et discriminatoires, ainsi qu’une culture de la consommation d’alcool qui peut parfois rendre les femmes vulnérables et les exposer à des comportements non désirés ou importuns, ainsi qu’aliéner d’autres personnes en raison de leurs croyances religieuses et/ou culturelles« .

Il a été constaté que ce comportement et cette culture ne se retrouvent pas uniquement au sein de groupuscules, ou ne sont pas le fait de « quelques pommes pourries », mais qu’il s’agit en fait d’un problème structurel.

L’ICEC a également mené une enquête qui a révélé que 87 % des personnes d’origine pakistanaise et bangladaise, 82 % des Indiens et 75 % des noirs interrogés ont déclaré avoir été victimes de discrimination.

Les résultats du rapport sont étonnamment similaires à ceux d’une enquête et d’un rapport de la Purpose Union publiés au début de l’année, commandés par la Rugby Football Union, Premiership Rugby et la Rugby Player’s Association.

D’après l’enquête : « Les entretiens ont révélé des expériences de racisme dans tous les domaines du rugby professionnel concerné par l’enquête (le jeu masculin et féminin, l’équipe nationale, les clubs et les académies)« .

Il s’agissait le plus souvent de commentaires discriminatoires, de comportements offensants répétés, et non d’événements ponctuels. Ils ont conduit les joueurs à quitter le sport ou à changer leur façon de parler et à cacher leur identité.

L’enquête a été commandée après que l’ancien joueur professionnel anglais Luther Burrell a affirmé que les plaisanteries racistes étaient normalisées au sein de la Premiership anglaise et de l’équipe nationale. Burrell a cité comme preuve un commentaire raciste dans un groupe Whatsapp de joueurs de Premiership. Rapport ayant conclu, sur la base de la « balance des probabilités », que les affirmations de Burrell étaient fondées.

Lors du tournoi de Roland-Garros, le joueur de tennis britannique Dan Evans a affirmé que le tennis britannique était trop élitiste. Il a déclaré : « Je ne pense pas que les personnes issues de la classe ouvrière aient la possibilité d’accéder à ce sport et d’avoir une chance si leurs parents n’ont pas d’argent ».

Dans le football, le racisme continue de gangrener la Premier League et l’équipe nationale anglaises. Joelinton, joueur de Newcastle, a récemment révélé qu’il avait été victime d’insultes racistes après une défaite contre Arsenal.

Le racisme a fait l’objet d’une attention particulière ces dernières années, avec des joueurs qui se sont agenouillés avant les matchs et l’apparition de campagnes comme « Kick racism out of football ». Cependant, Joelinton a commenté : « Nous parlons d’une lutte contre le racisme, mais nous n’avons pas eu beaucoup de changement ».

Le rapport de l’ICEC indique que « les problèmes que nous identifions ne sont malheureusement pas propres au cricket. Dans de nombreux cas, ils sont révélateurs de problèmes sociétaux tout aussi profondément enracinés ».

Au Royaume-Uni, le sport est censé être accessible à tous. Si l’on se réfère aux données récentes concernant ces sports, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que cet objectif ne soit atteint. Les avocats de l’ensemble du territoire recevront bientôt, si ce n’est déjà fait, des appels de leurs clients sportifs professionnels.