Commotions cérébrales dans le rugby : l’heure des réparations et du changement ?
Son aspect spectaculaire et les valeurs positives qu’il véhicule placent aujourd’hui le rugby parmi les sports les plus appréciés du grand public. Paradoxalement, la popularité grandissante du ballon ovale reste aujourd’hui freinée par la complexité de ses règles en constante évolution depuis sa professionnalisation en 1995.
Les nombreux changements introduits – modification des règles d’entrée en mêlée, instauration du protocole commotion, durcissement des sanctions sur les placages hauts, modification des règles sur l’obtention des touches par le jeu au pied, etc. – sont pour l’essentiel dus à un constat simple : l’augmentation significative de la masse musculaire, du cardio et de la vitesse des joueurs ont corrélativement entraîné des impacts plus fréquents et plus durs dont les effets sur le moyen et long-terme ne cessent de se révéler depuis plusieurs années.
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Des témoignages de plus en plus nombreux d’anciens internationaux (e.g., Steve Thompson, Ryan Jones, Jamie Cudmore, Carl Hayman), voire d’internationaux en activité (Joe Marler), ont d’abord alerté le monde du rugby et le grand public sur l’impact considérable que les commotions cérébrales à répétition peuvent avoir sur la santé des joueurs (douleurs répétées, troubles cognitifs, démence précoce, etc.).
Effets dévastateurs qui tendent malheureusement à être corroborés par de récentes études, et notamment une étude menée par l’Imperial College sur 44 joueurs, financée par la Fondation Drake, qui conclut qu’environ 50% des joueurs professionnels de rugby présenteraient une modification inattendue de leur volume cérébral lié à des impacts à la tête, et que près d’un quart d’entre eux présenteraient des anomalies dans la structure cérébrale. D’autres études, dont une lancée en Argentine sur un panel de 140 joueurs sur une période de douze ans, permettront certainement de confirmer encore davantage la nécessité de faire évoluer les règles de ce sport.
Et l’heure n’est déjà plus à la prise de conscience, ainsi que le démontre la plainte déposée le 25 juillet 2022 par un collectif de 180 anciens internationaux britanniques à l’encontre de World Rugby et des fédérations anglaise et galloise de Rugby, et la plainte déposée très récemment par trois anciens joueurs contre la fédération irlandaise, mais aux réparations financières – et il y a fort à parier que d’autres plaintes suivront à l’avenir – et surtout à une réflexion plus globale et plus rapide sur les indispensables changements qu’il conviendra d’introduire à brève échéance pour s’assurer que la pratique de ce sport demeurera possible sans faire encourir à ses pratiquants des risques considérables.
Dans ce contexte, peut-on raisonnablement être optimiste quant à une réduction significative des risques ? Oui, de grands progrès sont encore possibles si l’on en croit le neurologue Jean-François Chermann, qui préconise notamment de réduire sensiblement le nombre de matchs joués chaque saison.
Affaire à suivre.