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01/02/2024

Le rugby anglais poursuit sa révolution !

Un séisme pourrait frapper le rugby anglais. Plusieurs internationaux, à l’instar d’Henry Arundell, ont pris la décision de quitter la Premiership pour évoluer en Top 14. Deux autres joueurs majeurs vont suivre : Owen Farrell s’est engagé avec le Racing 92 pour les deux prochaines saisons[1] tandis que Courtney Lawes, emblématique joueur des Northampton Saints, a donné son accord pour rejoindre le CA Brive [1].

Dans un précédant article[2], nous illustrions le manque de financement et de régulation du rugby professionnel anglais. S’inspirant du modèle français, nos homologues d’outre-manche ont annoncé vouloir mettre en place de nombreux changements.

Parmi eux, on peut notamment constater le passage de treize à dix clubs à l’été 2023[3], mais également leur volonté prochaine de réduire le nombre de joueurs au sein des effectifs (1) et d’instaurer des nouveaux contrats dits « hybrides » pour les joueurs anglais (2).

Par ailleurs, un débat sur la règle de l’éligibilité des joueurs internationaux commence à émerger (3), et le projet d’une nouvelle compétition semble être étudié (4).

1. La réduction des effectifs à 35 joueurs professionnels + 12 joueurs formés au club

Le Telegraph a récemment indiqué que la Premiership et les équipes du championnat auraient conclu un accord pour réduire le nombre de joueurs professionnels à trente-cinq (35), auxquels s’ajouteraient douze (12) joueurs issus de la formation, portant le nombre total de joueurs évoluant dans chaque club à quarante-cinq (45).  

Cette restriction des effectifs ferait suite à la réduction du nombre de clubs évoluant en Premiership, de 13 à 10, mise en œuvre l’été dernier.

Le constat est le suivant : au cours de la saison 2023/2024, les clubs de Bath et des Sale Sharks détiennent respectivement 66[4] et 70[5] joueurs professionnels sous contrat, sans compter les joueurs en formation.

Cette mesure permettrait aux clubs de trouver un juste équilibre entre le nombre de matchs à jouer au cours de la saison et permettrait de garantir aux joueurs un temps de jeu suffisant afin de maximiser leurs performances.

L’instauration d’un système de draft sur le modèle américain serait même à l’étude selon le média anglais.

2. La mise en place de contrats hybrides pour les joueurs anglais

Toujours selon le Telegraph[6], un accord aurait été trouvé entre la Fédération anglaise de rugby et la Premiership pour la gestion de contrats de vingt joueurs cadres de la sélection anglaise, afin d’optimiser les performances de l’équipe nationale en vue de la prochaine Coupe du monde qui aura lieu en Australie du 1er octobre au 13 novembre 2027.

Ces contrats « hybrides » existent déjà en Irlande et consistent, pour les clubs de rugby, à laisser la fédération avoir un contrôle sur certains joueurs internationaux moyennant le versement d’une plus grande indemnité. Pour le moment, la fédération anglaise accorde une indemnité de 50 000 euros par joueur fourni à la sélection nationale[7]. Ces contrats pourraient ainsi rapporter des sommes plus importantes aux clubs, leur assurant une meilleure pérennité financière.  

3. L’éligibilité des joueurs internationaux en question

Bien que controversée en Australie[8], un plaidoyer en faveur de l’introduction d’une « loi Giteau » en Angleterre a récemment été publié dans le Telegraph.[9]

La loi Giteau, du nom de l’international australien Matt Giteau, avait été créée à l’occasion de la coupe du monde de rugby 2015 pour permettre à ce dernier d’être sélectionné et de participer à la coupe du monde alors qu’il évoluait dans un pays étranger (en France). Cette loi permet à l’Australie de pouvoir sélectionner des joueurs évoluant à l’étranger dès lors qu’ils comptent au moins 60 sélections et ont joué au minimum 7 saisons pour une franchise australienne.

Or, en Angleterre, le règlement de la Fédération anglaise de rugby (Rugby Football Union) interdit la sélection de joueurs évoluant à l’étranger.

Face au départ de nombreux joueurs internationaux dans d’autres pays, tels que Joe Marchant, Jack Willis, David Ribbans et Henry Arundell, lesquels ont rejoint le Top 14 cette saison[10], les inquiétudes grandissent et certains craignent pour la compétitivité du XV de la rose.

4. L’instauration d’une super-ligue entre clubs évoluant en Premiership et en URC

Selon les journalistes du Telegraph[11], des discussions auraient démarré après la Coupe du monde de rugby à propos de la création d’une nouvelle compétition regroupant les clubs de Premiership et de l’United Rugby Championship (URC).

Le but recherché serait de réduire les coûts et de gagner en attractivité auprès des investisseurs.

Il a été également émis l’idée de créer une compétition ou de modifier le format actuel en instaurant une deuxième division avec un système de promotion et relégation. Le rugby anglais poursuit sa mue et devrait donc très prochainement connaître d’importantes réformes.


[1] https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/L-international-anglais-courtney-lawes-en-visite-a-brive/1441424

[2] Rugby professionnel : comparatif du système de financement et de sa régulation en France et en Angleterre – Bignon (bignonlebray.com)

[3] Premiership : vers une réduction à dix clubs après les problèmes financiers rencontrés – rugbyrama.fr

[4]Bath – L’Équipe (lequipe.fr)

[5] Sale – L’Équipe (lequipe.fr)

[6] New ‘hybrid contracts’ to move England closer to feted Ireland model (telegraph.co.uk)

[7] RUGBY. L’Angleterre réfléchit sérieusement aux  »contrats hybrides » pour ses internationaux, quid de la France ? | Le Rugbynistère (lerugbynistere.fr)

[8] La Fédération australienne souhaite abandonner la « loi Giteau » relative aux joueurs évoluant à l’étranger – L’Équipe (lequipe.fr)

[9] England need a ‘Giteau law’ to keep Maro Itoje available if he moves to France (telegraph.co.uk)

[10] Éligibilité des joueurs évoluant à l’étranger : la règle de la discorde en Angleterre – L’Équipe (lequipe.fr)

[11] British and Irish ‘super league’ plan discussed – and could include South Africa and Italy (telegraph.co.uk)