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17/07/2023

Football – La tendance vers la multipropriété des clubs se confirme

Le 22 juin dernier, le rachat du Racing Club de Strasbourg, dont nous évoquions la possibilité dans notre précédente newsletter, s’est concrétisé avec l’annonce d’un accord entre le président du club, Marc Keller, et la société BlueCo aux termes duquel cette dernière s’est engagé à racheter la quasi-totalité des parts détenues par M. Keller.

BlueCo est un consortium d’investisseurs américains, constitué notamment du fonds d’investissement Clearlake et de Todd Boehly, Mark Walter et Hansjörg Wyss, et qui possède déjà le club londonien de Chelsea, racheté en mai 2022.

L’accord prévoit une « accélération des investissements durables dans la croissance du club », notamment dans les équipes premières masculine et féminine et dans le centre de formation et de « donner au Racing l’accès à de larges ressources et à des possibilités de collaboration » avec les autres clubs détenus par BlueCo.

Le même jour, l’opération a été présentée pour validation à la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (« DNCG »), dont l’évaluation est attendue dans les prochaines semaines.

Ce rachat va permettre au club d’améliorer sa capacité financière et donc d’être plus actif sur le marché des transferts. Cela s’est déjà traduit par l’arrivée de Patrick Vieira en tant qu’entraîneur de l’équipe première masculine, qui devrait être accompagnée par l’achat de nouveaux joueurs cet été.

Strasbourg devient le 5ème club de Ligue 1 à avoir été racheté par des investisseurs américains, après Marseille, Lyon, Toulouse et Le Havre. Plus de la moitié des clubs de ce championnat sont désormais contrôlés par des actionnaires étrangers.

Ce rachat confirme l’essor du nouveau modèle de la multipropriété (« MCO », pour multi-club ownership), qui était pourtant jusqu’à présent prohibé par la réglementation de l’UEFA.

Mais, comme nous l’écrivions dans notre précédente newsletter, l’UEFA semble vouloir nettement assouplir cette règle et tolère de plus en plus de cas de multipropriété.

Cette tendance a d’ailleurs été confirmée, le 7 juillet dernier, par la décision de la chambre de contrôle financier des clubs de l’UEFA d’autoriser le Toulouse Football Club à jouer la Ligue Europa l’an prochain et ce malgré le fait qu’il soit détenu par une entité (RedBird Capital) qui contrôle un autre club qui jouera une coupe d’Europe (le Milan AC).

La chambre a pris acte de la récente décision de plusieurs membres du fonds américain de démissionner du conseil d’administration du club toulousain et a estimé qu’il n’y avait plus de liens dans les chaînes de décisions des deux clubs, et que des aménagements financiers suffisants avaient été pris pour garantir l’indépendance de chaque club. Elle demande cependant aux deux clubs de ne pas se vendre ni se prêter de joueurs au cours de la saison à venir et d’assurer l’indépendance de leurs cellules de recrutement.

L’UEFA a également rendu la même décision favorable pour quatre autres clubs européens : les clubs anglais d’Aston Villa et de Brighton, le club portugais du Vitoria Guimaraes et le club belge de l’Union Saint-Gilloise.

Ainsi, bien qu’elle soit encore encadrée et conditionnée à une indépendance des organes décisionnels des clubs, la multipropriété semble devenir la nouvelle norme du football professionnel.