Le piratage sportif constitue aujourd’hui un défi juridique et économique majeur pour les détenteurs de droits sportifs. En France, près d’un Français sur cinq reconnaît regarder du contenu sportif de manière illégale, principalement via le streaming ou l’IPTV. Ce phénomène a un impact direct sur les diffuseurs, affaiblissant leur rentabilité et remettant en cause leur équilibre financier. L’exemple du conflit entre DAZN et la Ligue de Football Professionnel (LFP) illustre parfaitement les tensions croissantes dans ce secteur.

En 2024-2025, la plateforme DAZN, nouvel acteur des droits du football français, a connu de grandes difficultés à fédérer un nombre d’abonnés suffisant autour de son offre dédiée à la Ligue 1. Un des facteurs expliquant ce déficit d’audience est sans conteste la généralisation du piratage. En effet, le coût cumulé des abonnements aux différentes plateformes pousse de nombreux consommateurs à opter pour des solutions illégales. L’étude de l’Arcom démontre que 60 % des consommateurs illicites possèdent un abonnement légal, mais ne pouvant suivre l’ensemble des compétitions souhaitées, ils ont recours à des alternatives non autorisées.
Après des mois de négociation, DAZN et la LFP sont finalement parvenus à un accord en mai 2025, portant sur le paiement des échéances dues, à hauteur de 140 millions d’euros. Si cette issue met un terme aux tensions juridiques immédiates, elle ne règle pas les fragilités structurelles du modèle économique de la diffusion du football français.
En parallèle, le Tribunal judiciaire de Paris, par un jugement rendu 15 mai 2025, a ordonné, pour la première fois, à des fournisseurs de VPN, de bloquer les sites de streaming illégaux, les reconnaissant comme des intermédiaires techniques ayant une responsabilité directe dans la diffusion illicite de contenus sportifs.
Cette décision, saluée tant par la LFP que par Canal+, constitue une avancée majeure. Elle offre aux ayants droit un levier juridique inédit pour enrayer une pratique qui représentait, selon l’Arcom, plus de 1,5 milliard d’euros de pertes économiques en 2023. Elle pourrait ainsi ouvrir la voie à un rééquilibrage du marché audiovisuel sportif français, aujourd’hui menacé par la fragmentation des offres, la saturation des portefeuilles des abonnés, et la montée en puissance des plateformes de piratage.
Dès lors, une question essentielle se pose : quelle stratégie adoptera la LFP dans les prochains mois ? Désormais libérée de son litige avec DAZN, elle a l’opportunité de relancer les négociations pour les droits audiovisuels de la Ligue 1, et potentiellement de structurer une nouvelle plateforme centralisée.
Plus encore, c’est l’avenir même de la LFP qui pourrait être redéfini dans les mois à venir à travers le plan de Philippe Diallo (voir article sur ce sujet), au profit d’une reprise directe de la gestion des compétitions professionnelles par la FFF et les clubs.
Ainsi, il sera particulièrement intéressant de suivre les évolutions à venir, tant sur le plan institutionnel qu’économique, afin de comprendre dans quelle direction se construira l’avenir du football professionnel en France.
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