Le football professionnel français s’apprête à connaître un bouleversement sans précédent. Le 12 mai 2025, Philippe Diallo, président de la Fédération française de football (FFF), a présenté un projet qualifié de « rupture » : la suppression pure et simple de la Ligue de football professionnel (LFP) au profit d’une société commerciale contrôlée par les clubs professionnels eux-mêmes, sur le modèle de la Premier League anglaise. Face à une crise économique et institutionnelle – 1,2 milliard d’euros de déficit cumulé dans les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, conflits autour des droits TV, ou encore piratage massif – ce plan entend opérer une refonte structurelle du football français.

Dans le cadre de cette réforme, inspirée du modèle britannique mais revendiquée comme « adaptée aux spécificités françaises », la LFP céderait sa place à une nouvelle entité juridique, une société de capitaux, dans laquelle les clubs seraient actionnaires aux côtés de la FFF. La direction de cette société serait confiée à un directoire, mandaté par les clubs, à la tête duquel serait nommé un président recruté par les clubs, révocable ad nutum, rompant ainsi avec le système actuellement en vigueur.
Cette réforme constitue un tournant notable dans l’architecture du sport professionnel français. La LFP, investie par délégation d’une mission de service public pour l’organisation des compétitions de Ligue 1 et de Ligue 2, céderait sa compétence. Une telle évolution, si elle était entérinée, reposerait sur une modification du cadre législatif en vigueur, via la proposition de loi portée au Sénat, qui vise notamment à permettre à la FFF de retirer cette subdélégation en cas de manquement à l’intérêt général ou encore en cas de « problème majeur dans le financement des activités sportives ».
La FFF conserverait néanmoins un rôle prépondérant : elle disposerait d’une action préférentielle dans la nouvelle société, lui conférant un droit de veto sur les sujets d’intérêt général (format des compétitions, système de montées/descentes, équité sportive). Ce mécanisme viserait ainsi à garantir un équilibre entre pilotage économique des clubs et sauvegarde de la mission fédérale de régulation.
Le projet inclut également des mesures à visée disciplinaire et budgétaire : extension des pouvoirs de la DNCG, encadrement de la masse salariale, limitation des effectifs, et, potentiellement, création d’un média pour diffuser les rencontres. Ces instruments doivent permettre de restaurer la structure financière du football français, aujourd’hui en échec.
Enfin, si cette réforme est soutenue par plusieurs sénateurs et une partie des clubs, elle suscite aussi des réserves quant à sa mise en œuvre concrète et à l’adhésion des acteurs. La question de l’indépendance de la nouvelle structure et de son articulation avec les règles européennes de concurrence devra faire l’objet d’une vigilance particulière.
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